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Le Palacio Paz : le Chantilly de Buenos Aires
Si Charles Thays a dessiné le Parc de Palermo, ou si Antoine Bourdelle a habillé les places de la capitale argentine de ses statues, José C. Paz a voulu son petit Chantilly.
« Si Buenos Aires alguna vez fue París, el Palacio Paz es el más claro exponente » (Si Buenos Aires fut autrefois un petit Paris, le Palacio Paz était à son image) peut-on lire en exergue du site officiel présentant l’édifice. Il aura fallu douze ans pour construire ce palais inspiré du château de Chantilly. Douze ans de travail et de patience pour mettre en harmonie les matériaux nobles importés de France et d’Europe tels les marbres, les boiseries, le bronze, le cristal des lustres de la maison Keller, avec tout le savoir-faire de l’époque. C’était le rêve fou de José C. Paz, patron de presse et propriétaire de « La Prensa ». Tellement fou qu’il est décédé deux ans avant l’achèvement des travaux.}
Matériaux nobles
Marbre rouge de France, jaune de Sienne, de Carrare pour les sculptures. Les balustres de l’entrée comptent à eux seuls quatre sortes de marbres différents. Tout relève du grandiose : le hall, la galerie, la salle à manger, et surtout la grande salle d’honneur circulaire. Paz avait un dessein, alors il lui fallait une demeure à la hauteur de ses ambitions présidentielles, mais le destin en a décidé autrement. Sa famille a habité dans ce luxueux palais aux styles éclectiques entre la fin des travaux en 1914, jusqu’à la cession au Cercle militaire en 1938 pour la somme de 3,5 millions de pesos de l’époque, qui depuis continue à entretenir les lieux, en louant notamment les salles de réception du premier étage pour des événements, des tournages de films, des mariages…
Une architecture hors normes
Seul le premier étage se visite, d’un bâtiment comptant 12 000 m2, 140 pièces, 40 salles de bains, sept ascenseurs et encore beaucoup de mystères. Il ne fallait pas moins de 80 domestiques pour assurer la maintenance de ce lieu hors normes. Des styles se mêlent au fil des salles : néo-renaissance, néo-baroque, néo-gothique et Art Nouveau. On est accueilli par une belle statue de François Raoul Larche en marbre de Carrare et la réplique du sabre du général San Martin, dont la statue trône juste à côté, sur la place San Martin. Passé l’antichambre, on accède à la belle salle de bal néo-renaissance dont la décoration aux murs blancs rehaussés de dorures alterne avec de grands miroirs lui donnant une autre dimension, à la lumière de magnifiques lustres. Le parquet incrusté italien a vu évoluer toute la haute société argentine au rythme de la valse certes, mais aussi du fox-trot, de la polka, et bien d’autres danses à la mode, sans oublier le tango. Pour accéder à la salle à manger, il faut passer par un long couloir de style néo-gothique aux imposantes boiseries de noyer, qui font écho aux motifs caractéristiques des tentures rouges des châteaux d’époque. Sur la gauche, un beau cadran reprend le motif du soleil, du drapeau argentin.
La grande salle d’honneur
La salle à manger, de style Renaissance, permettait d’accueillir une douzaine de convives autour d’une table immense. Le lustre, impressionnant par sa taille, l’est également par son poids de 300 kg. Au fond de la pièce se dresse une superbe cheminée aux boiseries sculptées de deux cariatides, représentant deux personnages de la mythologie romaine, Diane et Jupiter. Le plafond à caissons et les motifs des tentures dorées reprennent le style Renaissance des châteaux de la Loire. Dans les salons plus petits, on retrouve le style Louis XVI ou Empire. La salle de musique, rattachée à la salle de bal, est d’une acoustique remarquable. Reste à voir la salle des dames, le salon gothique anglais avec sa grande cheminée, avant d’accéder au clou de la visite, la grande salle d’honneur avec sa coupole de 21 m de haut, un grand balcon circulaire et les mosaïques en marbre. On parle d’un projet de reprise par un hôtel de luxe.
A quand le prochain bal ?
Roland Bijlenga
vendredi 15 février 2019