« Canasta Campesina » : un petit panier qui change des vies

Nous achetons et recevons chez nous quatre grands paniers par mois : riches en légumes, fruits, plantes aromatiques et œufs, le tout issu à 100% de l’agriculture biologique. Recevoir ce panier est pour moi une belle et agréable découverte des saveurs, couleurs et traditions locales qui viennent enrichir nos repas quotidiens.

Le projet
J’ai eu l’occasion de connaître de plus près l’origine de ces paniers, leur histoire pleine de vie, d’espoir et d’opportunités données aux « campesinos » (paysans) du pays.
Ces paniers sont le résultat du projet du Secours Populaire Français « Canasta Campesina » (panier paysan) , qui bénéficie de l’appui de l’Ambassade de France, de l’Union Européenne et différentes institutions et ONG sur place. Ainsi, le lycée français de San Salvador, partenaire actif du projet, a inclus les « paniers paysans » dans son projet d’établissement et développe des échanges entre élèves, enseignants et agriculteurs.

Fonctionnement et vente
L’implémentation des « paniers paysans » s’inspire du système des AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) en France, en s’adaptant aux conditions locales, afin de créer un réseau de commerce juste et équitable, entre les consommateurs de San Salvador et un groupe de « campesinos » organisés en coopérative.

Cette population rurale utilise une partie de la production pour sa consommation quotidienne et l’autre partie pour une vente directe, sans intermédiaire, permettant ainsi aux clients de bénéficier d’un prix correct pour un produit BIO et de haute qualité.

Les paniers ont un coût de 10, 15 ou 20 dollars, en fonction de leur taille (petite, moyenne ou grande) et sont élaborés avec une quinzaine de produits différents, en fonction des saison et des cycles naturels.

La coopérative est basée à Comasagua, commune rurale située à 30 kilomètres de la capitale, San Salvador, sur les hauteurs de cette région volcanique de l’Amérique Centrale. Elle organise le ramassage des produits auprès des paysans (répartis sur plusieurs territoires) et effectue la mise en place des paniers et leur distribution en différents points de la capitale notamment au lycée français (avec une importante participation de la communauté française, des professeurs et des parents d’élèves français et salvadoriens) ainsi que dans des hôtels.

Les clients s’engagent pour trois mois en payant une partie du prix des paniers à l’avance, ce qui assure aux producteurs un revenu stable et leur facilite les achats nécessaires au bon déroulement de la production agricole. Eux s’engagent sur la régularité des approvisionnements, la diversité et la qualité des produits.

Des vies transformées
Avec leur adhésion au projet, les paysans ont connu une importante augmentation de leurs revenus, qui sont passés de 73 à 300 dollars mensuels environ.
Ces revenus supplémentaires contribuent notamment à améliorer leur santé et leur permettent d’envoyer leurs enfants à l’école ; surtout, ils redonnent de la confiance, d’abord aux femmes, et apportent un espoir aux jeunes.
En ce sens, nous pouvons parler d’une vraie révolution sociale car de jeunes femmes, qui auparavant étaient complètement dépendantes (et souvent vulnérables) économiquement, trouvent dans leur travail de l’autonomie et par conséquent une reconnaissance sociale et une amélioration de leur auto-estime.

Les jeunes eux aussi, bénéficient de leur participation au projet. Leur travail les éloigne d’une certaine mise en marge sociale. Ils s’éloignent aussi de la violence urbaine et entament un chemin d’inclusion sociale et de reconnaissance auprès de la société.

Mes « canastas » continuent d’arriver mais désormais, au-delà des produits, elles ont aussi un nom : elles s’appellent Carmen, Norma, Blanca, Ever, Marvin... et portent le nom de tous ces « campesinos », qui, depuis Comasagua, par leur travail, contribuent au changement de l’histoire et de l’avenir de ce beau pays qu’est le Salvador.

Paola Izzo