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Gustave Eiffel, un enfant de Dijon
Marie-France Dardeau-Carvajal
Dijon est aussi le berceau d’un grand nom, une très grande figure, connue dans le monde entier : Gustave Eiffel.
Qu’évoque ce nom pour tout un chacun ? La tour Eiffel, bien sûr, qui illumine le ciel de Paris.
Oui. Ce maestro du fer est né à Dijon le 15 décembre 1832. Et pour fêter le centenaire de sa disparition, ce prochain 27 décembre 1923 à Paris, la ville de Dijon a organisé, tout au long de l’année 2023, plusieurs événements mettant à l’honneur ce créateur hors du commun, qui fut, hélas, bien souvent oublié dans sa ville natale... On connait peu de choses, en général, sur les années « Eiffel » en Côte-d’Or.
Si l’on sait que la tour Eiffel est le chef-d’œuvre de notre inventif ingénieur, on en sait moins sur ses origines et sa jeunesse.
On pourrait longuement s’extasier devant le symbole-phare de notre identité française, mais retenons seulement quelques étapes marquantes de ses débuts... le nourrisson, l’enfant, puis l’adolescent, qui, adulte, deviendra le père immortel de la Grande Dame de fer. Érigée, comme chacun s’en souvient, à l’occasion de l’exposition universelle de 1889. Gustave Eiffel entrait alors dans la cinquantaine.
A présent, suivez le guide ! A travers les sites eifeliens (issus de la région de l’Eifel en Allemagne), comme on dit, qui auront jalonné l’enfance de notre héros du jour.
Sa naissance
Gustave Eiffel (à l’état civil Alexandre, Gustave Bonickhausen mais se fera appeler Eiffel en souvenir de ses origines allemandes) vit le jour à Dijon le 15 décembre 1832, à huit heures, en la maison familiale sise au 14-16 quai Nicolas Rollin, faubourg d’Ouche au Port du Canal1. Le Chanoine Kir, maire de Dijon (de 1945 à 1967), fit apposer le 15 juin 1952 une plaque devant la porte. Demeure malheureusement détruite en 1968, disparition de la plaque... Nouvel immeuble construit sur l’emplacement avec réinstallation de la plaque en 2014, à l’angle du grand boulevard Gustave Eiffel.
Le père de Gustave : François, Alexandre Bonickhausen ou Boenickhausen, ou Bönickhausen, (29 janvier 1795 à Paris - 15 septembre 1879 à Dijon, à 84 ans), issu d’une famille aisée, d’origine allemande, officier hussard des Armées napoléoniennes en 1811 puis Intendant militaire à Dijon. Ensuite, fin négociant en charbon et transports fluviaux.
La mère de Gustave : Catherine, Mélanie Moneuse (née le 7 septembre 1799 à Dijon - décédée le 26 février 1878 à Dijon, à 78 ans), dynamique cheffe d’entreprise pour le commerce de la houille au port du canal de Bourgogne, fille de Jeanne Peuriot et de Jean-Baptiste Moneuse, (venu du département du Nord en 1798), un prospère marchand de bois.
Ses parents se marient à Dijon le 23 novembre 1824. De cette union naissent le fils aîné Gustave, puis deux sœurs, Marie et Laure.

Sa jeunesse
Dès le sevrage maternel, le jeune Gustave est confié à une nourrice, à Corcelles-les-Monts, (à 8 km au sud-ouest de Dijon) qu’il appellera « Maman Morel » pour toute sa tendresse et son attention. Dame Morel fit de ce jeune pensionnaire son fils de cœur aux côtés de ses deux garçons, Auguste et Louis, âgés de quatre et six ans de plus que Gustave.
De 7 à 11 ans, Gustave vit au 17 rue Turgot, chez sa grand-mère maternelle qu’il appelait affectueusement « Maman Moneuse ».
De 8 à 9 ans, Gustave est scolarisé à l’école Mutuelle, rattachée à l’école normale primaire, sise au 29 rue du Petit-Potet (aujourd’hui la Bibliothèque municipale).
De 10 à 18 ans, Gustave Eiffel étudie au Collège Royal, (aujourd’hui le collège Marcelle-Pardé) en centre-ville, au 18 rue Condorcet. Élève sérieux et discipliné, il obtient brillamment ses deux baccalauréats (lettres et sciences). Durant cette période la famille habite le « Castel » au 74 rue Charles-Dumont et ce jusqu’en 1865.
Durant les vacances scolaires, le jeune Gustave aimait se rendre, en particulier, à Gilly-les-Citeaux, dans la propriété de sa grand-mère maternelle, Jeanne Peuriot, à 20 km au sud de Dijon. Il appréciait beaucoup le charme campagnard, participait aux vendanges, se promenait le long de la Vouge, petite rivière locale, qui outre la pêche, lui inspirait déjà de nombreux dessins, les moulins plus spécialement.
Dès ses quinze ans, il manifeste son intérêt pour la politique. En connaisseur, il commente à son père les résultats des élections municipales de Dijon de juin 1848.
Son mariage
Le 7 juillet 1862, à 29 ans, Gustave revient à Dijon pour épouser au Castel2 la jeune Dijonnaise Geneviève Marie Gaudelet, 17 ans à peine et petite-fille du brasseur Edouard Regneau, associé dans les affaires commerciales de la famille. Un mariage de raison qui se révéla très vite un mariage d’amour. Mariage civil, célébré par Jean-Baptiste Liegeard, adjoint au maire. Cérémonie religieuse le lendemain en la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon, avec un déjeuner en plein air après la messe. Heureuse union mais bonheur de courte durée, puisque Marguerite -comme l’appelait amoureusement Gustave- décédera le 5 août 1877 à 32 ans, après avoir donné le jour à cinq enfants (Valentine, Claire, Laure, Edouard, Albert).
Gustave Eiffel, appelé aussi « le magicien du fer » est décédé à 91 ans. Il est inhumé au cimetière de Levallois-Perret ; il repose près de son épouse dans la sépulture familiale.
GUSTAVE EIFFEL, NÉ A DIJON.
Si vous le saviez, ne l’oubliez pas !
Si vous ne le saviez pas, vous l’aurez appris ! Et je m’en réjouis...
Bien que Dijon possède très peu d’ouvrages métalliques d’Eiffel, citons néanmoins le marché couvert des Halles et le pont de Larrey.
* De Dijon
1. Le 15 décembre 1880, par jugement du Tribunal de première instance de Dijon, le patronyme Eiffel se substitue à celui de Bonickhausen. Mention apposée le 20 août 1881 en marge de son acte de naissance numéro 713/1832, détenu aux Archives Municipales de Dijon.
2. Le Castel : Coquette résidence du XVIIIe siècle, domaine campagnard avec grand parc, au sud de Dijon... qui connut plusieurs propriétaires aisés, dont la famille Régneau en 1793. Dès 1843, les parents de Gustave en furent locataires, puis propriétaires grâce à leur fortune professionnelle.
Mentionnons ici, non sans quelque fierté, que le Castel est devenu, depuis 1949, un grand lycée public polyvalent (où j’ai moi-même eu le plaisir d’étudier plusieurs années). Il offre entre autres une performante section hôtelière, avec restaurant pédagogique d’application, baptisé en toute logique « Le Gustave ».
lundi 27 mai 2024