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Isabelle Stéphan Roussel
Peinture sur porcelaine
La peinture sur porcelaine : retour aux origines
Je suis née et j’ai passé mon enfance en Berry dans un village ouvrier de 1100 habitants où il y a eu jusqu’à 5-6 porcelaineries dont plusieurs travaillaient pour Limoges. Beaucoup de mes camarades d’alors avaient au moins un parent ouvrier qui travaillait au rythme des 3x8. Le kaolin, le quartz et le feldspath étaient des mots connus de nous, jeunes gamins. J’ai souvent visité la plus grande usine, dite « La grande boîte » mais jamais je n’avais alors imaginé qu’un jour je peindrais sur porcelaine.
Mon enfance m’a rattrapée !
C’est à Djibouti, dans un groupe animé par une conjointe de militaire, que j’ai commencé cette activité ; c’était en 2000 et depuis, je n’ai jamais cessé de peindre. A Paris, le rendez-vous du vendredi matin est incontournable : c’est une bulle de décompression, de retrouvailles amicales, de création.
Peindre sur porcelaine ne requiert pas de bien savoir dessiner, ce qui me va. La plupart du temps, je choisis un motif, je l’adapte si besoin, je le mets à l’échelle de mon support, je le calque et je le reproduis à ma guise.
Là où la porcelaine nous attend, c’est dans le choix des pigments avec ou sans plomb et/ou au cadmium* ; la préparation de la peinture selon qu’elle sera travaillée au pinceau, à la plume ou putoisée ; l’harmonie des couleurs (la couleur d’un pigment n’est pas celle que nous obtenons après cuisson) ; le coup de pinceau, l’usage de l’éponge pour le putoisage*, le trait à la plume ; les températures de cuisson selon le pigment ou l’usage d’un composant spécifique. Il faut toujours poser de fines couches de peinture pour qu’elle ne s’écaille pas à la cuisson : on ne peut pas réparer un écaillage (l’écaillage s’aggrave à chaque cuisson).
Et il y a aussi le travail de l’or, de l’argent, du platine liquides ou en feuilles ; les effets liés à l’acide ou autres composants ; les jeux de matières et de reliefs ; les peintures au lustre ; les marbrages et autres effets de pierre (je n’aime pas) ; la peinture sur biscuit qui ne permet aucune erreur (les spécialistes connues sont les peinteuses de Quimper) ; la technique américaine… Impossible de s’ennuyer avec une impression de déjà-fait.
Certains motifs nécessitent de nombreuses cuissons selon la palette des couleurs, leurs superpositions : toutes ne supportent pas les mêmes températures. Les couleurs plombeuses et non plombeuses cuisent entre 820 et 840° là où les cadmiums se cuisent entre 780 et 800° ; la feuille d’or, selon qu’elle est posée sur de la porcelaine blanche ou un pigment supportera une température qui varie entre 650 et 800 degrés… Une mauvaise température entraîne des surprises plus ou moins heureuses, pas toujours réparables. La sortie du four est toujours attendue avec impatience.
Vaisselles, bibelots, pièces pour sapins, bijoux, plaques de maison… je ne compte plus ce que j’ai peint. J’aime reproduire des dessins d’enfants : tout repose sur le respect des coups de crayons enfantins. Il y a eu des séquences obligées pour travailler les coups de pinceaux et certaines couleurs mais désormais, je ne fais que ce qui me plait. Les sujets sont infinis, le rendez-vous du vendredi matin reste à l’ordre du jour.
* Pigments au cadmium : pigments inorganiques ; le cadmium est un métal, dans les pigments pour peinture sur porcelaine, il est joint avec du soufre et/ou du sélénium.
* Putoisage : tamponner la peinture fraîchement posée au pinceau à l’aide d’une mousse, d’un pinceau spécial pour obtenir un aspect plus ou moins uni, sans coup de pinceau.
Portfolio
‘‘La cale de Saint-Guénolé’’Une de mes réalisations préférées. D’après Mathurin Méheut. 2016
Assiettes à risottoD’après Clarice Cliff. 2016
Pâquerettes2 plats, 4 assiettes à dessert, 4 bols avec des motifs différents. Travail à la plume pour le pigment noir et au pinceau pour l’or liquide. 2010
Le houx de NoëlTravail délicat et long associant pigments, lustres, or liquide. L’intérieur est putoisé.
D’après une coupelle d’André-Fernand Thesmar. 2013
Le houx de Noël (2)Lors de la dernière cuisson, une assiette a éclaté dans le four et a ébréché la bordure du bol recouverte d’or liquide. Une réparation de fortune n’a pas eu raison des très longues heures de travail.
D’après une coupelle d’André-Fernand Thesmar. 2013
Plat à tarteLong travail de putoisage. D’après Bilien. 2023
Emaux sur biscuitExercice d’école. Toute erreur avant cuisson est fatale ! D’après Matisse. 2010
Plat d’après TurnerExercice d’école. Plat peint selon la technique américaine, technique avec laquelle je ne suis pas à l’aise. D’après Turner. 2015
Assiettes à petit-déjeuner8 assiettes à petit-déjeuner, toutes différentes. D’après Clarice Cliff. 2016
Vaisselle motif années 1950Le rouge sur la porcelaine est un vernis à réserve qui permet de putoiser une zone sans déborder sur la voisine ; on le retire avant cuisson. Il faut en remettre autant de fois que nécessaire : ici, 3 fois pour poser le vert printanier et 3 autres fois pour le vert canard ; 1 cuisson à chaque fois, soit 8-9 au total. Ajouter 2 passages à la plume autour des motifs. La pause du vernis à réserve a pris plus de temps que l’application de la peinture.
D’après une céramique d’André Bioley 1950’s. 2023
Vaisselle motif années 1950Assiettes et bols (4+2).
D’après une céramique d’André Bioley 1950’s. 2023
Lire description travail sur autre photo
Gentille bêteExercice d’école sur le pelage. Un coup de pinceau par poil... 2006
Lamaison au grand escalierD’après dessin d’enfant
Ma familleD’après dessin d’enfant
Baguier dentellePigment noir et or liquide
Pour le théTasse à thé et soucoupe. D’après un modèle de chez Christofle après avoir cassé l’original. 2013
Vase Art DécoLong travail et un écaillage à la dernière cuisson ! 2006
Vase boule2011
Plaque de maison La BouinotteLa chapelle de Nohant, 2008
Pour deuxD’après Matisse, 2014
vendredi 4 avril 2025