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Allocution du Ministre Jean-Yves Le Drian
Madame la Présidente, chère Isabelle Roussel Stéphan,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs, chers amis
Avec mon épouse Maria, nous sommes très heureux de vous retrouver ce soir, pour fêter les trente ans de l’AFCA. Bon anniversaire !
En trente ans, le monde a considérablement changé et ce Département a aussi beaucoup changé avec lui. Mais, partir en couple avec l’étranger, c’est toujours une aventure. Une aventure passionnante, bien sûr, mais parfois déroutante, il faut le dire aussi. Bref, une aventure que l’on vit ensemble, ‘’pour le meilleur et pour le pire’’.
Depuis sa fondation en 1989, votre association n’a eu de cesse de nous rappeler ce que signifie l’expatriation pour ceux qui, n’ayant pas choisi la diplomatie mais ayant tout de même choisi un ou une diplomate, se retrouvent à partager une vie nomade. Et plus encore que pour nos agents, l’expatriation est pour leurs conjoints, pour vous, toujours une prise de risque. Une prise de risque à la fois sur le plan personnel et une prise de risque sur le plan professionnel. Il faut percer les mystères d’une nouvelle langue ; il faut apprendre à composer avec un environnement nouveau, qui peut être déstabilisant, qui parfois est dangereux ; il faut, si l’on cherche un emploi, accepter de se remettre en question, et, tous les trois ou tous les quatre ans, il faut être prêt à tout recommencer.
C’est donc un vrai défi, que celles et ceux qui vivent aux côtés de nos agents relèvent avec beaucoup de courage et beaucoup d’abnégation. C’est pourquoi ce ministère soutient les efforts que vous mettez en œuvre pour accompagner les conjoints d’agents de leur départ à l’étranger jusqu’à leur retour en France. Vous le faites ici, en multipliant les occasions de rencontres et d’échanges, d’une manière, me dit-on, généralement très conviviale, si on me le dit ce doit être vrai.
Vous le faites aussi dans les postes, grâce à un réseau presqu’aussi universel que le nôtre, en accueillant les nouveaux venus, en les guidant dans leur nouvelle vie sur des questions essentielles, comme la scolarisation des enfants ; ce partage d’expériences est évidemment très utile.
Vous le faites aussi à travers votre revue, Les Carnets de l’AFCA, qui a ceci de singulier, qu’elle se lit et qu’elle s’écrit aux quatre coins du monde.
Autre front sur lequel vous êtes mobilisés : la formation. Grâce à vous, les conjoints de nos agents ont accès à des cours de langue, mais également à de véritables cessions de coaching, je pense à ces ‘’ateliers de préparation au départ’’, notamment ceux organisés pour les conjoints de chefs de postes, dont on ne dira jamais assez à quel point ils contribuent au rayonnement de notre pays dans le monde.
Vous avez attiré mon attention sur plusieurs sujets.
Je voudrais d’abord vous dire que, concernant la communication et l’information, je vais vous répondre par écrit. Je sais que c’est un sujet de préoccupation centrale : tout sera fait pour que la meilleure communication soit possible, dans le respect des règles, évidemment, mais en tenant compte de vos préoccupations et de la nécessité d’avoir une meilleure information pour l’ensemble des conjoints, surtout quand ils arrivent en poste.
Vous avez aussi attiré mon attention sur la nécessité de renforcer la formation en matière de sécurité. Et c’est un sujet sur lequel j’accorde moi-même énormément d’importance. En plus du module dédié à la sécurité qui figure au programme des formations destinées aux conjoints d’agents partant dans un pays à risques, la Direction de la sécurité diplomatique, la DSD, se tient désormais prête à délivrer sur place des modules de formation complémentaires à destination des familles, y compris sur les conduites à tenir en cas d’attaque ou d’agression, puisque ce sont des sujets de préoccupation que je partage beaucoup en raison de mes fonctions d’aujourd’hui et de celles d’hier.
Je souhaite que le dialogue fructueux déjà engagé entre l’AFCA et l’administration puisse se poursuivre, car, pour simplifier la mobilité en famille, nous avons besoin de vous et de ce que vous avez à nous dire, des difficultés que rencontrent sur le terrain, si j’ose dire, les conjoints de nos agents. L’enjeu est extrêmement important. Partir avec les siens, c’est en effet le gage d’un bon équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, et donc, c’est le gage d’une expatriation réussie, et, in fine, c’est aussi une véritable force humaine au service de notre diplomatie. Donc, c’est gagnant pour tout le monde. Nous sommes particulièrement attentifs à la diversité et à la complexité des situations familiales lorsque nous prenons des décisions d’affectation, ce n’est jamais simple mais ce paramètre est pris en compte le mieux possible.
Je peux vous dire aussi que nous agissons au plus haut niveau, à Paris et dans les postes pour obtenir des accords bilatéraux permettant aux conjoints des personnels diplomatiques et consulaires de trouver du travail là où ils sont amenés à vivre. Je m’en occupe personnellement, j’ai été amené moi-même à saisir des collègues ministres des Affaires étrangères pour aboutir à des accords. Je sais qu’il y a encore du travail à faire mais ça progresse quand même très sensiblement, je le constate dans mes déplacements à l’étranger.
Enfin, la délégation aux familles a cette année renforcé ses contacts avec les rectorats pour débloquer certaines situations problématiques et avec Pôle Emploi, ce qui a permis de répondre à des situations individuelles.
Mais je suis surtout très attaché à un sujet que vous aviez évoqué l’année dernière auprès de moi, concernant la perte d’indemnisation chômage dont sont victimes les conjoints parce que le délai de quatre ans prévu par la réglementation est incompatible avec le rythme des affectations de notre ministère. Et cela, ce n’est plus possible. Et je voudrais vous dire, madame la présidente, mesdames et messieurs, que j’en fais une affaire personnelle.
C’est un combat que j’entends bien mener pour aboutir, et pour faire prendre en considération cette nécessité. J’ai évoqué à plusieurs reprises cette question avec madame Pénicaud ; ce sujet est maintenant traité au niveau des deux ministres et j’espère que l’année prochaine, je serai en mesure de vous dire que nous avons réussi, même si je sais que ce sujet n’est pas simple. Mais c’est pour moi, madame la présidente, une priorité.
Voilà chers amis.
Vous avez, madame la présidente rappelé les âges. 7 ans, c’est l’âge de raison, 18 ans, c’est l’âge des promesses, 30 ans, c’est l’âge des premiers bilans. Et je crois que l’AFCA n’a pas à rougir du sien, mieux, elle peut être fière de donner chaque jour un sens très concret aux valeurs d’entraide et de solidarité. Je tiens à saluer ses fondatrices qui sont présentes, les bénévoles et bien évidemment vous-même, madame la présidente.
Ce trentième anniversaire, je suis heureux que nous puissions le fêter comme il se doit, y compris en musique, mais aussi en famille car au fond, c’est ce que nous sommes grâce à vous, une famille, une famille élargie sans doute, qui rassemble toutes celles et tous ceux qui, au nom de notre pays, montrent que la voix que nous portons dans le monde est forte, et tous ceux qui sont décidés et prêts à accompagner cette démarche, en menant une vie un peu singulière. Une famille unie, où nous veillons les uns sur les autres, une belle famille, la nôtre, la grande famille de la diplomatie française à laquelle vous contribuez beaucoup.
Merci de votre action et bon anniversaire. //
Jean-Yves Le Drian
Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères
mercredi 16 février 2022