Belle Greene

Belle Greene ferait une formidable héroïne de roman si elle n’avait pas existé.

New York, début des années 1900. Les USA sont un pays ségrégationniste et la règle « One-drop rule » (une seule goutte de sang noir dans une ascendance fait de vous une personne noire) est sans pitié. Indignée par cette règle et les conséquences qui en découlent, Belle qui a la peau claire légèrement ambrée alors que du sang noir coule en abondance dans ses veines, franchit la barrière et entraîne sa mère et sa fratrie dans l’aventure d’une vie de Blancs.

Elle a du caractère, est ambitieuse et travailleuse, est férue d’art et passionnée de lecture et de livres rares. Son imagination fertile fera le reste : elle invente des ancêtres anglais et portugais, modifie son nom. Son intelligence, son courage et son toupet feront d’elle la bibliothécaire personnelle de J.P. Morgan - et à la mort de ce dernier la directrice de la Morgan Library - une acheteuse hors pair d’œuvres rares, la coqueluche de l’aristocratie internationale. Et une femme riche. Sacrée revanche.

Mais que de sacrifices et de renoncements pour vivre une vie de Blancs. Belle, sa mère et sa fratrie ont tiré un trait sur leurs origines, oublié famille et amis, renié une part d’eux-mêmes en intégrant le camp de ceux qui opprimaient leurs semblables, vécu avec la hantise de voir leurs origines noires découvertes. Ils ont cher payé pour vivre une vie interdite et réaliser des rêves d’égalité.
Femme indépendante, féministe avant l’heure, Belle, en façonnant son histoire, a œuvré en silence pour les femmes et les Noirs.

Une vieille malle retrouvée dans un grenier a, un demi-siècle après sa mort en 1950, permis de découvrir la vérité, vérité soupçonnée sans preuve du vivant de Belle et causant un drame d’une cruauté effarante.

Isabelle Stéphan Roussel

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Belle Greene, Alexandra Lapierre
Flammarion, 2021