Une amie de la famille

« Qui est cette fille sur la photo ? », « Une amie de la famille ».

Ces deux phrases résument le drame vécu par l’auteur quand il avait 15 ans. Le 1er novembre 1968, la famille est réunie dans la maison de vacances à Biarritz ; il y a effervescence : Annie, la sœur aînée, 20 ans, présente Gilles son amoureux. Le temps est venteux, la mer bien formée : une balade en bord de mer s’impose. L’auteur, son petit frère, sa sœur et Gilles descendent sur les rochers qui surplombent la Chambre d’Amour ; les vagues déferlent, comme souvent, mais une vague scélérate les submerge et emporte Annie qui ne survivra pas malgré les secours.

Un profond silence s’abat sur la famille, le prénom d’Annie n’est plus jamais prononcé : ce n’est que 50 ans après le drame et le décès de ses parents que Jean-Marie Laclavetine partira à la recherche d’Annie, reviendra sur ce deuil enseveli, cette incapacité, cette impossibilité familiale à parler d’elle. Un travail profond de mémoire et de recherches permet à l’auteur d’aller à la découverte de cette sœur disparue.

Au fil de l’écriture, par petites touches, Annie se dévoile. Place est faite au chagrin, au deuil, à la vie et l’on sent combien il est important pour Jean-Marie et ses frères de (re)faire connaissance avec leur sœur aînée, de lui redonner une place dans la fratrie, de retrouver Gilles et des amis d’Annie, de réaliser l’amour qui unissait leurs parents.

C’est un livre magnifique.

Il est suivi de La vie des morts, à lire aussi. Des témoignages reçus après la lecture d’Une amie de la famille complètent le travail de mémoire et dévoilent un peu plus Annie.

Isabelle Stéphan Roussel
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Editions Gallimard, 2019
et aux éditions de Poche