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La Bourse de commerce : une histoire haute en couleurs

Isabelle Roussel Stéphan

De nobles occupants
Au début du XIIIe siècle, à quelques enjambées de l’emplacement du bâtiment actuel, se trouvait l’hôtel de Soissons, qui appartenait à Jean II de Nesles. Cet hôtel changea souvent de mains : Blanche de Castille, le duc d’Anjou, Charles puis Philippe de Valois, le roi de Bohême, Catherine de Médicis, le comte de Soissons…Cet hôtel devait être détruit au XVIIIe siècle.
En attendant, en 1498, il a accueilli, d’abord en partie puis dans sa totalité, un couvent de filles repenties.

Catherine de Médicis, fit construire un hôtel particulier à proximité du couvent. Elle fit édifier une colonne orientée aux 4 points cardinaux pour y installer son astrologue qui lui avait prédit qu’elle mourait non loin de saint-Germain ; la colonne est le seul vestige de l’hôtel particulier. La propriété prit de l’ampleur au point d’obliger les sœurs du couvent à se reloger rue Saint-Denis.

Les dettes accumulées par Catherine de Médicis furent telles que ses héritiers vendirent la propriété. Charles de Bourbon, comte de Soissons, et son épouse l’agrandiront encore. Victor Amédée de Savoie, prince de Carignan, un de leurs héritiers, en prit possession en 1718. Un espace fut réservé à la Bourse de Paris en 1720 mais ruiné par la banqueroute de Law, le prince dut vendre la propriété en 1740. La prévôté de Paris racheta le terrain, la colonne étant vendue séparément.

Des nobles au blé
Les bâtiments furent détruits ; à leur place, une halle au blé fut érigée. C’est une époque où l’on a peur des famines, : une halle accessible depuis le bord de la Seine a donc bien des avantages.
L’architecte Nicolas Le Camus de Mézières opta pour un plan annulaire de 122 mètres de circonférence, percé de 25 arcades : la partie centrale était à ciel ouvert, mais deux galeries concentriques, ouvertes sur l’extérieur par 24 arcades, formaient un abri utile. Autour de la halle aux blés, une rue circulaire fut tracée d’où rayonnaient cinq autres voies, ce qui facilitait les allées et venues. Il fut question de déloger la colonne mais une association de quartier lutta pour son maintien et obtint gain de cause.

Le bâtiment connût d’emblée un vif succès, considéré comme une expérimentation et une prouesse architecturale. La voûte anti-incendie en brique, l’organisation de l’espace, l’escalier à double révolution évitant les croisements entre ceux qui montaient les sacs de blé et ceux qui descendaient, le plan de circulation : tout fut acclamé.

En 1783, une voûte centrale en bois fut construite pour protéger l’espace et mieux conserver les grains. Un incendie la détruira en 1802. Elle sera remplacée par une voûte en fonte, d’abord couverte de feuilles de cuivre puis de vitres, fut conçue par Belanger et Brunet (photo).

Du blé aux Arts
Un nouvel incendie ravagea le bâtiment en 1854. Le déclin de l’activité liée au blé finit par avoir raison de la halle, devenue Bourse de commerce en 1885. La coupole fut modifiée, un étage construit, des colonnes sortirent de terre, une fresque monumentale de 1400 m2 ornant la coupole. Cette œuvre représente une suite de panoramas aux paysages et aux saisons variés, peuplés de nombreuses figures qui mettent en scène le commerce entre la France et le reste du monde, sans oublier les allégories en grisaille des points cardinaux pour séparer les quatre quarts de cercle. Cinq peintres y contribuèrent.

Une petite centrale électrique fut installée au sous-sol pour éclairer la Bourse et le quartier alentour. Les moteurs fonctionnaient à l’air comprimé. Le froid produit par la décompression de l’air servait aux entrepôts frigorifiques installés dans les mêmes sous-sols et loués à des commerçants des Halles, notamment pour y conserver crème, beurre, fruits et légumes. C’étaient les premiers frigos !

Le bâtiment modifié fut inauguré pendant l’Exposition universelle de Paris. La coupole et le décor sont classés monument historique en 1986. L’activité boursière de marchandises y prend fin en 1998. Puis expositions, bureau de vote, repas caritatif de Noël occupent ponctuellement le lieu. En 2016, la Chambre de commerce quitte les lieux et en 2017, la Ville de Paris rachète le bâtiment.

Site parisien de la collection Pinault
Depuis lors, la Bourse de commerce est vouée à l’immense collection d’art contemporain de François Pinault. Un bail de 50 ans a été signé et si nous vivons assez longtemps, peut-être pourrons-nous découvrir les quelques 10 000 œuvres, tous supports confondus, détenues par F. Pinault ? Quand on sait que très peu d’œuvres sont exposées en même temps, la probabilité est mince, mais gardons espoir !
Au total, ce sont 3000 m2 d’exposition qui ont été aménagés pour exposer les œuvres.

Les architectes Tadao Andō, Pierre-Antoine Gatier, Lucie Niney et Thibault Marca ont été à l’œuvre. D’importants travaux ont été menés, comme une superbe coursive intérieure de béton de 91 mètres de long, culminant à 9 mètres de hauteur. Dotée de passerelles pour accéder aux étages, elle permet d’observer les œuvres. Un studio en sous-sol peut accueillir des performances, des projections ou des conférences. Un restaurant occupe le 3e étage. L’espace, véritable luxe des œuvres présentées, est très lumineux et permet de tourner à loisir autour d’elles, de prendre du recul pour les admirer. La fresque a été superbement mise en valeur et une coursive haute permet de l’admirer de près.

Lors de notre visite en mars, nous avons découvert quelques œuvres de Charles Ray, sculpteur américain.

L’escalier

La fresque

Photos :
Cadre bleu : @wikipedia
Cadre rouge : IRS
Cadre vert : collection Pinault
Cadre rose : Roman Jean-Jacques pour le ministère de la Culture
Cadre noir pointillés : Flickr
Cadre violet : Francine A, http://www.paris-autrement.paris

Portfolio

dimanche 15 janvier 2023

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