Le Secrétariat général du Quai d’Orsay

Le nouveau Secrétaire général du Quai d’Orsay, Maurice Gourdault-Montagne, qui a pris ses fonctions en juin 2017, est spécialiste d’hindi et ourdou, deux langues qu’il a pratiquées lors de sa première affectation en Inde. Et pas beaucoup depuis.

« L’anglais est bien sur une langue parlée par les autorités indiennes. Mais au de-là de 50 kms de Delhi, ce n’est pas toujours le cas. J’ai pu avoir des contacts utiles ».

Titulaire d’un DEUG d’allemand, il a suivi de près l’unification allemande en tant que conseiller à Bonn, puis à Berlin à la tête de l’ambassade (2011-2014). Périodes passionnantes : « Jeune diplomate, j’ai été, de 1988 à 1991, au cœur d’un grand tournant de l’histoire européenne. C’était l’ouverture d’un monde nouveau. Après avoir vécu la fin de la république de Bonn, j’ai eu la chance d’être nommé à Berlin, tête de pont vers l’Europe centrale et orientale avec laquelle nous nous sommes retrouvés ».

L’anglais ne lui a pas posé de problème quand il a été nommé au Royaume-Uni. Mais, avoue-t-il, lors de ses missions comme ambassadeur à Tokyo et à Pékin, le japonais et le chinois lui ont donné plus de fil à retordre. Pourtant, selon un de ses condisciples, son professeur à Pékin ne tarissait pas d’éloges sur ses capacités.Maurice Gourdault-Montagne a découvert sa vocation de diplomate, au début des années 70, dans des universités d’été à l’étranger. « Je me suis senti en accord avec des gens différents par leur culture et leur expression, plus riche de ce que je n’étais pas ».

Successeur de Jules Cambon
Le voilà Secrétaire Général, un poste considéré comme le couronnement d’une carrière. Son allure juvénile et son allant contrastent avec les photos figées de Jules Cambon, premier titulaire du poste, le grand diplomate qui participa aux Traités de paix de 1919. Il fut, comme son lointain prédécesseur, ambassadeur à Berlin.
« Le SG, précise-t-il, coordonne l’action de l’ensemble des services, politique, économique, culturel, conformément aux instructions du Ministre. C’est une mission d’impulsion et de coordination. Il est aussi responsable des affaires budgétaires et de la gestion du personnel. Créé en octobre 1915, la fonction de SG, tout en gardant ses fondamentaux, a évolué en même temps que la diplomatie française dans un monde globalisé. De nos jours, le SG suit de près les problèmes de sécurité des ambassades et des agents. Depuis 2014, sa fonction s’est étendue au Commerce extérieur et à la promotion du tourisme ».

Un Secrétaire général adjoint et quatre chargés de mission l’assistent pour instruire les dossiers, organiser les réunions de coordination sur des sujets variés et préparer les consultations. Elles sont nombreuses : « Le SG remplit une mission de concertation et de dialogue avec de nombreux pays ou institutions. En premier lieu, l’Allemagne et l’Europe. Il mène des consultations bilatérales avec ses homologues, notamment les SG du Japon, d’Inde, d’Algérie, du Maroc, de Turquie, de Singapour, d’Australie, d’Iran, du Mexique. Ces dialogues accompagnent ou préparent l’action diplomatique du gouvernement ».

Moderniser
Autre grand dossier, l’application au Quai d’Orsay d’ « Action Publique 2022 », défini par le Premier Ministre Edouard Philippe : « Notre pays change d’ère, nos services publics le doivent aussi ». Simplification administrative, numérisation, modernisation de la gestion des ressources humaines sont au programme. Un gros travail a déjà a été entrepris pour adapter le réseau diplomatique. Il y a cinq ans ont été créés les PGS (Postes à gestion simplifiée) concernant les postes consulaires. Il y a deux ans, 25 PPD (Postes de présence diplomatique) ont pris le relai des ambassades classiques, avec un personnel réduit, par exemple au Paraguay et au Botswana. Cette tâche de modernisation doit être poursuivie, il en va du maintien de notre présence dans le monde :

« Notre statut de membre du Conseil de sécurité de l’ONU nous donne des obligations, affirme Maurice Gourdault-Montagne. Notamment conser-ver le principe d’universalité de la présence diplomatique fran-çaise. Cela ne sera possible qu’en la modernisant. Nous travaillons à une évolution des maillages diplomatiques et consulaires ».

Le Secrétaire général était en partance pour Rabat afin de préparer la visite du Premier Ministre au Maroc. « Le travail ne manque pas. Il est divers et utile. J’ai toujours été fier de me consacrer à la politique étrangère de la France. Sentiment partagé par l’ensemble du personnel du Quai d’Orsay dont le dévouement est sans limites ».

Propos recueillis parFrancine Boidevaix