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Association française des conjoints d’agents du ministère des Affaires étrangères

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La direction générale de l’admistration (DGA)

Entretien avec Julien Steimer

Entretien réalisé par Francine Boidevaix

En foulant le long tapis rouge qui se déroule au premier étage du Quai d’Orsay, rien ne parait changé dans cet ancien palais. Pourtant, sitôt franchie la porte d’une belle salle de réunion, Julien Steimer, le Directeur général de l’administration et de la modernisation (DGAM) m’entraîne vers le futur de notre diplomatie. En fait, nous sommes déjà dans le présent. A 50 ans, ce diplomate, diplômé de l’ENA et de l’université de Yale, ancien directeur du cabinet de Bruno Le Maire d’abord comme ministre des Affaires européennes, puis ministre chargé de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche et de l’Aménagement du territoire, vient de passer 9 ans chez l’assureur AXA. Il a pris en main, le 1er novembre 2022, la mise en œuvre de la réforme de la diplomatie française dans l’esprit d’une dynamique de développement et de transformation. C’est l’Agenda de la transformation. Il s’appuie sur les Etats généraux de la diplomatie (EGD) et sur le souhait du Président Macron développé lors de son discours de conclusion des EGD au Quai d’Orsay le 16 mars 2023. Un moment important où les agents ont pris la parole et participé à une réflexion collective sur notre appareil diplomatique et consulaire.

Après des débuts houleux en 2022, comment les agents du Quai d’Orsay perçoivent-ils le « réarmement de notre diplomatie » pour reprendre les termes du Président ?
Le renforcement de notre diplomatie était attendu par les agents du ministère et c’est une réponse à leurs inquiétudes.
En 2022, certains ont craint de voir leur vocation diplomatique et leur expertise diluées dans la réforme de l’encadrement supérieur de l’Etat. Nous avons écouté cette inquiétude et un vrai dialogue a été lancé pour y répondre et rassurer. Nous avons donc mené de nombreux événements d’information, des road shows, des tables rondes, rencontré régulièrement les partenaires sociaux. Que faut-il en retenir aujourd’hui ? D’abord, 87% des ministres plénipotentiaires et conseillers des Affaires étrangères ont choisi volontairement de rejoindre le corps des administrateurs de l’Etat. Ensuite, des perspectives de carrière sans précédent ont été données aux secrétaires des Affaires étrangères : 40 places par an dans le corps des administrateurs de l’Etat en 2023-2024 (contre moins de 10 par an auparavant dans le corps des conseillers), levée de la condition de principalat pour l’accès à ce corps, levée des verrous réglementaires pour l’accès aux postes d’ambassadeurs, etc. Enfin, nous avons réaffirmé une logique qui combine le statut avec les compétences : nous avons par exemple créé un nouveau concours d’administrateurs de l’Etat « Orient » incluant une section Afrique avec de nouvelles langues subsahariennes. Les agents du Quai d’Orsay n’ont pas à craindre la logique de compétences : parmi les agents publics, ils font partie de ceux dont l’expertise et l’orientation vers l’international sont à la fois parmi les mieux reconnues et surtout de plus en plus précieuses à l’interministériel.

Avez-vous les moyens des nouvelles ambitions du Quai d’Orsay ?
Nous sommes une organisation en croissance et en développement. Le 16 mars 2023, au Quai d’Orsay, le Président de la République a conclu les Etats généraux de la diplomatie en réaffirmant que pour avoir une diplomatie efficace, il fallait investir dans les agents et dans le ministère. Des moyens nouveaux ont donc été donnés pour développer des chantiers en matière logistique, dans les bâtiments et leur sécurité ou encore dans le numérique et l’intelligence artificielle. En 2024, malgré le plan d’économie gouvernemental, nos budgets en faveur de la transformation de notre outil diplomatique, du réseau consulaire et de l’influence restent en croissance. Nous continuons à développer notre réseau avec de nouveaux postes et de nouveaux consulats : au Guyana, à Melbourne, à Mossoul. 250 nouveaux emplois ont par ailleurs été créés en 2023-2024 dont 60% dans le réseau, au plus près du terrain et des besoins. Car c’est le réseau qui fait la force de notre diplomatie et la place à un très haut niveau dans les classements internationaux.

Quels sont les grands objectifs ?
Ces moyens supplémentaires sont mis au service de cinq priorités stratégiques. Premièrement  : gagner en agilité dans un monde en recomposition. Nos méthodes changent : nous fonctionnons davantage en mode « task force » pour répondre aux crises ou aux nouveaux enjeux (climat, numérique, migrations). Nous nous dotons de nouveaux outils, par exemple pour lutter contre la désinformation de masse sur les réseaux sociaux.

Deuxième grande priorité  : renforcer nos partenariats et être plus influent en mobilisant davantage l’interministériel, nos opérateurs et en articulant mieux nos différents outils d’intervention, par exemple sur le sujet de l’enseignement du français à l’étranger qui est une politique prioritaire du gouvernement.

Notre troisième priorité, ce sont les enjeux globaux : nous venons notamment de créer une nouvelle mission dédiée aux enjeux numériques et à l’intelligence artificielle au sein de la direction générale de la mondialisation car les enjeux de régulation sont immenses. Nous amplifions également la transformation écologique du réseau pour en faire une vitrine à l’international grâce au programme Ambassade verte.

Quatrièmement  : nous sommes de plus en plus tournés vers les Français. La Direction des Français à l’étranger et nos services consulaires sont au cœur de notre transformation : la nouvelle plateforme France consulaire, joignable 24h/24 assure la réponse téléphonique de 50% des résidents à l’étranger et couvrira l’ensemble du monde dès 2025. Le vote par internet est désormais installé et plus de 60% des expatriés l’ont utilisé lors des dernières élections législatives. Le renouvellement des passeports à distance est expérimenté au Portugal et au Canada depuis un mois. Il est essentiel par ailleurs que les Français comprennent mieux ce que nous faisons et que nous communiquions davantage vers eux : qui sait par exemple que notre « Consulat olympique » installé à Nantes délivrera de manière totalement dématérialisée les 70 000 visas de la famille olympique cet été ?

Cela ne fait que quatre objectifs si je compte bien. Or vous en avez annoncé cinq ?
Vous avez raison. Le 5e axe stratégique est en fait au cœur de notre transformation parce qu’il est relié à tous les autres. Il s’agit de la transformation de notre politique des ressources humaines. Nous avons totalement réorganisé la DRH du ministère en 2023. Pas pour le plaisir de changer d’organigramme, mais pour répondre aux défis de l’attractivité, des parcours, de la rénovation des métiers et de l’amélioration des conditions de travail.

Sur 2022-2024, l’effort du ministère en matière de rémunération et d’accompagnement à l’expatriation pour toutes les catégories d’agents a représenté 57 millions d’euros. En un an, nous avons lancé une nouvelle marque employeur « Un monde de métiers », transformé le dispositif d’évaluation des agents et des managers (cadres), renforcé l’accompagnement des mobilités à l’extérieur du ministère avec la création d’une cellule dédiée, revu de nombreux concours pour en rendre les épreuves plus opérationnelles, en prise avec les réalités du métier d’aujourd’hui. Notre politique d’affectation en postes doubles à l’étranger a été renforcée et bénéficie chaque année à plusieurs dizaines de couples. Notre offre de formation s’est considérablement enrichie avec par exemple la création du programme Tremplin dédié aux femmes du ministère à haut potentiel, les nouvelles formations avant départ en poste, les offres de coaching et de co-développement pour les managers. Cet enrichissement annonce la future Académie diplomatique et consulaire qui sera lancée en 2024, ainsi que l’a souhaité le Président de la République.

Si vous le permettez, je finirai en mettant l’accent sur deux points qui signalent la profonde transformation du ministère et l’engagement de ses agents.
D’abord, nos efforts en matière d’égalité professionnelle portent leurs fruits puisqu’en 2023, les nominations de femmes à un premier poste d’ambassadrice ont représenté 44% des primo-nominations. Notre label Afnor « égalité professionnelle » a d’ailleurs été complété par l’obtention d’un label « Diversité » en novembre 2023 pour récompenser nos réalisations en matière d’égal accès aux postes, conciliation vie privée-vie professionnelle, lutte contre les discriminations, etc.

Ensuite, en tant que responsable de la sécurité des agents, je veux souligner que notre transformation intervient dans un contexte où se multiplient les crises. En Ukraine et en Russie, au Soudan, au Niger, en Israël et à Gaza et dans bien d’autres pays… Dans ces situations, nos agents dont je salue le courage et le sens de l’Etat et du service public peuvent compter sur l’accompagnement de la DRH mais également sur le CDCS (Centre de crise et de soutien), la direction de la sécurité diplomatique ou les forces civilo-militaires. C’est dans ces crises que nous mesurons que l’engagement de nos agents est notre force la plus précieuse. C’est aussi à cette occasion que nous mesurons la place et l’engagement particuliers des conjointes et conjoints et la nécessité de maintenir nos efforts pour leur formation aux langues, leur insertion dans les pays d’expatriation et plus largement leur intégration à la vie du ministère. C’est essentiel et je serai présent à la prochaine Assemblée générale de l’AFCA.

Propos recueillis par Francine Boidevaix

jeudi 3 avril 2025

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