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Association française des conjoints d’agents du ministère des Affaires étrangères

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La direction des Français de l’étranger et de l’administration consulaire (DFAE)

Entretien avec Pauline Carmona, directrice de la DFAE

Pauline Carmona est une femme dynamique. A 51 ans, elle fête sa première année à la tête de la DFAE, la plus grosse direction du ministère. 500 personnes dont 360 à Nantes (état civil notamment) ; 2600 agents répartis dans les 200 consulats généraux et sections consulaires. Son curriculum coche toutes les cases d’une vaste expérience au service de la diplomatie : ENA, cabinet ministériel (Elisabeth Borne), deux fois Consule générale (Hong Kong et San Francisco), Directrice adjointe Asie Océanie pour ne citer que le principal.

« Le Ministère nous offre tellement de possibilités d’appréhender des domaines variés et tous passionnants » me dit-elle assise dans son bureau du site Convention. Son expérience l’a aussi conduite à connaître de près les lycées français à l’étranger, domaine que suit la Direction :

« J’ai trois enfants qui ont suivi mes pérégrinations. Ce sont des produits des lycées français. J’ai entendu des récriminations, des ados qui râlent car ils ne veulent pas changer de pays. « On ne veut pas partir à cause de ta carrière ! » Mais ils ont eu l’avantage d’avoir acquis un solide bagage culturel. Et ma plus grande fierté a été de voir défiler sur les Champs Elysées, le 14 juillet 2023, ma fille ainée en uniforme de polytechnicienne. La seconde fait une licence de maths-informatique tout en suivant des études supérieures de théâtre. Mon fils de 14 ans est un lycéen fana de rugby ».
Mais revenons à la DFAE.

Quelles sont les actions principales en cours de mise en œuvre ?
Le premier gros chantier depuis 2021 est la modernisation de l’action consulaire dans le cadre des PPG (politiques prioritaires du gouvernement) suivi au plus haut sommet de l’Etat. La trajectoire de l’emploi reste à la hausse. Le programme consulaire de 2024 a permis de créer 30 nouveaux postes. Les consulats généraux d’influence avec des équipes réduites renforcent la présence et l’influence de la France. Le réseau se consolide et s’étend. C’est ainsi que nous avons procédé à la recréation des Consulats généraux de Melbourne et Séville.

Comment comptez-vous améliorer le service aux Français del’étranger ?
Nous avons quatre grands projets déjà partiellement mis en œuvre :
- D’abord faciliter le vote par Internet pour les élections des Conseillers des Français de l’étranger et les législatives. Je peux vous assurer que tous les agents en France et à l’étranger ont mis les bouchées doubles pour faciliter le vote électronique ; Il y a eu un véritable engouement lors des dernières législatives. Le record a été battu pour le vote du 2eme tour : 460.000 votants soit 75% des votants ont utilisé Internet.

- Ensuite, la dématérialisation des actes d’état civil tels que les naissances, les mariages, les actes de décès, est en bonne voie. Nous délivrons des copies d’actes en ligne. Ce système de réponse en ligne n’existe dans aucune mairie française. Fin 2025 lorsque les gros développements informatiques seront mis en place, toutes les demandes d’état civil, toutes les nouvelles informations seront immédiatement disponibles.

- Un autre grand projet est la modernisation du service de réponse téléphonique. Il était devenu impossible de joindre certains consulats suite aux diminutions d’effectifs. Nous avons mis en place une équipe centralisée pour les questions générales basée à La Courneuve qui communique avec un plateau à Nantes, une équipe de téléconseillers traite les réponses de premier niveau et transfère à un deuxième niveau, 15 agents de la DFAE. 60 pays, l’Europe, une partie du Maghreb et de l’Afrique, soit plus de la moitié des Français de l’étranger sont reliés. Notre objectif pour fin 2025 est de couvrir le monde. Ce système diminuera la pression que subissent les Consulats.

- Notre quatrième chantier est le renouvellement des passeports à distance, sans comparution dans les consulats. Une expérience est en cours au Canada et au Portugal depuis mars 2024. D’autre part, nous avons déjà obtenu que les passeports soient envoyés par La Poste dans 28 pays.

Un sujet controversé est la délivrance des visas. Quelle est la politique de la DFAE ?
Plusieurs problèmes se posent, la lutte contre la fraude, les irrégularités et aussi l’attractivité. Nous travaillons avec le ministère de l’Intérieur pour réorganiser la politique des visas. Il faut aussi définir quels sont les publics prioritaires pays par pays, ceux que nous souhaitons laisser venir en France et même faire venir. C’est une mission prioritaire. Nous avons responsabilisé les ambassadeurs afin qu’ils créent un comité d’attractivité avec tous les chefs de service.

Encore un sujet qui concerne les consulats, la protection consulaire.
Nous mettons la priorité sur les violences intrafamiliales et celles faites aux femmes. Il est important de faire la chaîne entre le travail du consulat et le retour en France, si par exemple il est nécessaire d’organiser le retour avec ses enfants d’une femme victime de violences.

Parmi les aides sociales, nous consacrons une part importante du budget à l’aide à la scolarité, avec les bourses. Les demandes sont instruites par les conseils consulaires puis transmises à l’AEFE. Nous disposons d’un réseau unique au monde. L’accès des élèves français au réseau de l’AEFE est primordial.

Vous semblez être en liaison permanente avec les agents à l’étranger. Quels moyens employez-vous ?
Nous avons un système de communication par la messagerie TCHAP sur les téléphones professionnels, qui me permet d’échanger de manière instantanée avec une centaine de consuls. Cette messagerie permet de leur envoyer des messages de soutien, pendant les crises mais aussi pendant la dure période de préparation des législatives. Nous sommes un service public, nous sommes jugés sur la qualité du service rendu et très à l’écoute de nos élus. J’essaye de valoriser les bonnes pratiques dans les consulats, de mettre en avant l’inventivité. Le personnel est très engagé et de grande qualité. 

Le travail des conjoints est un souci pour l’AFCA, y a-t-il des améliorations ?
Nous n’oublions pas les conjoints. Il est nécessaire qu’ils puissent trouver un emploi sans renoncer à leur immunité diplomatique. Nous travaillons à accroître le nombre d’accords avec les pays étrangers. Des accords ont été signés avec 52 pays et l’accès au marché de l’emploi local est possible dans une centaine de pays. Le dernier accord signé est avec le Vietnam le 7 octobre 2024, en marge de la visite officielle du Président vietnamien en France ; les négociations duraient depuis 2015. Des accords sont quasi-finalisés avec le Tadjikistan, la Bosnie-Herzégovine, le Cameroun et le Kirghiztan.

Vous avez des responsabilités importantes à l’association « Jamais sans elles ». Pouvez-vous nous en parler ?
Elle promeut l’égalité dans un environnement professionnel et accompagne, par exemple les femmes pour les pousser à candidater. Beaucoup n’osent pas. Le paysage change au ministère, puisqu’actuellement nous avons plus de 30% d’ambassadrices. Je m’applique au quotidien à veiller à respecter cette égalité. A mon arrivée dans la Direction il y avait une sous-directrice pour 4 postes. Maintenant elles sont trois. Cela va dans le bon sens !

Propos recueillis par Francine Boidevaix

samedi 8 février 2025

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