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La nécropole royale de la basilique Saint-Denis : la gloire et le tragique
Francine Boidevaix
Visiter Saint-Denis, c’est pénétrer dans une histoire de France pleine de grandeur et de fureur.
Il fait beau en cette journée d’avril. La basilique gothique est baignée de lumière, une lumière tamisée qui passe à travers les vitraux colorés.
L’abbé Suger, conseiller des rois Louis VI le Gros et Louis VII, qui a fait reconstruire l’église, voulait que la lumière soit une manifestation divine. L’architecture gothique a été inventée ici.
Une première église avait été érigée au Ve siècle sur la tombe de saint Denis.
Dès la mort du roi Dagobert en 639 et jusqu’au XIXe siècle, l’abbatiale de Saint-Denis accueille les sépultures de 43 rois, 32 reines, 60 princes dans le transept d’une ampleur exceptionnelle. Les Mérovingiens, les Carolingiens, les Capétiens sortent des livres d’histoire.
On y voit les gisants de Philippe IV le Bel et de ses fils, très réalistes, vêtus royalement, posés côte à côte. Les plus anciens gisants, comme ceux de Charles Martel, Pépin le Bref ou encore Clovis II ont le charme du Moyen Âge avec des visages stylisés.
Puis viennent les tombeaux. François Ier et sa femme Claude de France sont allongés le mains jointes, sur un premier niveau ; en-dessous, leurs corps nus sculptés avec un réalisme saisissant rappellent la fragilité de la vie. Un chef-d’œuvre de la Renaissance, inspiré du tombeau de Louis XII et Anne de Bretagne.
Sous la splendeur de ses voûtes gothiques, la basilique Saint-Denis porte aussi les marques profondes de la tragédie. Dès son origine elle est liée à une scène saisissante : celle de saint Denis, premier évêque de Paris, décapité au IIIe siècle, qui aurait marché plusieurs kilomètres en tenant sa tête entre les mains.
Pillée pendant la guerre de Cent Ans, elle est profanée durant la Révolution. Il faut imaginer les révolutionnaires éventrant les tombes, récupérant le plomb des cercueils pour faire des balles. Les restes royaux sont jetés dans des fosses communes. Henri IV aurait eu la tête coupée ; elle a refait surface au XXe siècle et subit des tests ADN. Un ossuaire, voulu par Louis XVIII, abrite ce qu’il reste des dépouilles des rois anonymes et mêlés. La liste des noms est longue. Une image poignante.
Francine Boidevaix
Portfolio
dimanche 29 juin 2025